Le velours noue plus d’un fil de son histoire avec la ville de Saint-Etienne.
Cette notoriété revient en grande partie à la manufacture de rubans et velours Giron Frères qui fut l’une des plus grandes entreprises textiles de la région stéphanoise, et l’un des trois principaux fabricants de velours au niveau mondial.
L’histoire atypique de cette manufacture a pu être redécouverte grâce aux archives, aux objets, échantillons, bustes, photographies, conservés par les Archives départementales de la Loire, le musée d’Art et d’Industrie ou les descendants de la famille Giron. Etablis en 1851 fabricants donneurs d’ordres, comme leurs confrères rubaniers et soyeux, ces fils de passementiers, Antoine et Marcellin Giron, démontrent très vite leur originalité et leur mordant.
La manufacture Chantegrillet est ouverte en 1867. Établi en 1851 fabricants donneurs d’ordres, comme leurs confrères rubaniers et soyeux, ces fils de passementiers, Antoine et Marcellin Giron, démontrent bien vite leur originalité et leur mordant. Après un voyage en Amérique, ils prennent l’initiative incroyable de bâtir une immense usine en ville et ouvrent la manufacture de Chantegrillet.
En pleine crise du velours, dans les années 1880, ils soufflent à leur concurrent de Krefeld en Allemagne, la production de l’étoffe velours. Les successeurs de ces pionniers porteront encore le nom de Giron et de ses marques, tel « Bellissime », aux quatre coins du monde et dans toute la presse féminine.
En 1980, Giron Frères, est en liquidation à la stupeur générale, après 160 ans de règne sur le velours, la Société Giron Frères, ne pouvant faire face à la crise de la mode, est en liquidation, à la stupeur générale. Après la fermeture de l’entreprise, les bâtiments de sa principale usine à Chantegrillet ont été reconvertis ; ils forment aujourd’hui le parc Giron qui perpétue dans le paysage stéphanois la mémoire de cette activité industrielle disparue.
Antoine (1826-1871) et Marcellin (1828-1908) qui feront de beaux mariages qui leur permettront d’asseoir leur position.
Antoine épouse en effet Catherine Calonier, issue d’une riche famille, et Marcellin s’unit, en 1857, à Antoinette Epitalon, descendante d’une famille de fabricants de rubans.
Dans les années 1850, Jean-Etienne Giron cède la petite fabrique de rubans à ses deux fils qui créent la société en nom collectif Giron frères au capital de 120 000 francs or. Société qu’ils installent rue Royale (actuelle rue de la République). Dès lors, le succès est grandissant. En 1855, ils obtiennent une première médaille d’or à l’expo universelle de Londres, une autre suivra en 1865 à Porto.
À cette époque, l’entreprise a déjà fait installer une machine à vapeur et compte 58 métiers installés rue Royale et 150 autres répartis dans toute la ville, et en particulier au Crêt-de-Roc, leur fief. Face au développement phénoménal de la fabrique, les frères Giron prorogent la société et achètent des terrains à Chantegrillet, un domaine qui a précédemment appartenu aux Chovet de la Chance. Ils y construisent une usine de velours, un peu à l’inverse des autres fabricants qui avaient tendance à délocaliser la production.
L’avantage pour les frères Giron réside dans la proximité des petits passementiers du Crêt-de-Roc.
Peu de temps après, voyant la maladie progresser, Antoine cède ses parts dans l’entreprise à son frère Marcellin. Il se consacre,
jusqu’à sa mort en 1871, à la chambre de Commerce et d’Industrie. Son décès créera une forte émotion à Saint-Etienne où les Giron, au-delà d’ être des pour voyeurs d’emploi, ont toujours beaucoup fait pour venir en aide aux ouvriers. Marcellin, resté seul à la tête de la société, doit faire face à la crise de la rubanerie en 1875.
Il se reconvertit et se lance dans la fabrique du ruban velours uni , inspiré des velours allemands Schappe.
Dès lors, l’usine Giron devient la plus importante de France, avec ses 476 métiers. Les deux fils de Marcellin, Etienne Marie (1859 -1922) et PierreJ-acques (1861-1923), entrent dans l’entreprise. Ensemble, ils créent une fabrique à Sail-sous-Couzan, une autre à Saint Just-en-Chevalet (qui recevra la visite de l’empereur du Brésil et de Félix Faure).
Après avoir levé le pied et s’être consacré à ses fonctions à la chambre de Commerce, à la Banque de France, au syndicat des tissus ou aux hospices de la ville, Marcellin s’éteint en 1908. Dès lors, ses fils reprennent seuls les rênes de la société, agrandissent le site de Chantegrillet. La guerre de 14-18 portera un premier coup fatal à la société qui fermera définitivement ses portes en 1981. « Sachant que les descendants de la famille Giron paieront jusqu’aux derniers centimes leurs dettes en vendant les domaines de Chantegrillet mais également l e domaine de la Vigne (aujourd’hui l’Orangerie à L’Étrat) qui avait été acquis par leur aïeul. Gérard Michel Thermeau aux éditions Picard
A sa mort en 1908, Marcellin Giron était à la tête d’une fortune estimée à 8 281 000 francs or, répartis pour 15 % en immeubles et 85 % en actifs immatériels.