Vieille pédale ou gros pédé, est-ce normal de les proférer ? Dès les premières révélations sur l’affaire dite du « chantage à la vidéo intime » nous n’avons eu de cesse de rappeler le volet homophobe de cette affaire.
Cette alerte, à l’époque sur des propos présumés, s’appuyait sur un ensemble de constatations.
Premièrement nous avions rappelé que l’homophobie ne se caractérisait pas par l’orientation sexuelle réelle ou supposée d’une victime, mais bel et bien par les faits en eux-mêmes.
Dans le cas échéant, utiliser l’orientation sexuelle réelle ou supposée d’une personne dans le but de lui nuire constitue un acte à caractère LGBTQIphobe.
Par ailleurs, un certain nombre de propos issus d’enregistrements ou d’écoutes, sont de nature à nous faire réagir : au très cru (et homophobe) « vieille pédale sur le retour » prononcé par le directeur de cabinet en présence et sans réaction du maire… Succède désormais le tout aussi « élégant » et homophobe « Le gros PD je le tiens par les couilles » qui aurait été proféré par le même protagoniste et qui au téléphone avec une amie se serait justifié de n’avoir « rien à [se] reprocher, [qu’il n’a] rien fait,[…] que [son] meilleur ami c’était, c’était un pédé, qu’il est mort du sida. »
Les insultes ainsi que les différents témoignages d’ancien·nes élu·es et agents employés par la ville de Saint-Etienne, démontrent que cette affaire témoigne d’une atmosphère homophobe. Et de manière globale, que les actes à caractère LGBTQIphobe de sont pas prêts de s’estomper à Saint-Étienne, comme en politique.
Nous, association Triangle rose, faisons de la sensibilisation contre les stéréotypes de genre et de sexualité une priorité, en œuvrant notamment en milieu scolaire et extrascolaire auprès des jeunes. Nous ne pouvons que nous interroger sur la crédibilité de notre message, quand l’institution municipale, censée donner l’exemple, tourne le dos à une de ses missions !
Nous soulevons qu’il y a un autre volet de l’affaire pour laquelle personne n’a eu de mots.
Il y a une autre victime, oubliée et pourtant bien salie et qui se retrouve, 8 ans plus tard, replongée bien malgré elle dans cette abjecte affaire.
Théo est également l’une des victimes de cette conspiration, et de ceux qui n’ont affiché guère d’humanité, pour manipuler et filmer à son insu une personne dont la condition de travailleur du sexe l’expose déjà à plusieurs types de violences :
Agressions, viols, répressions institutionnelles, accès difficile aux politiques de réduction des risques, précarité sociale…
Tant de problématiques qui contrastent avec la froideur avec laquelle les protagonistes de cette affaire ont utilisé cette personne pour la déshumaniser et la réduire à l’état d’objet :
– Objet de complot politique d’abord, filmé à son insu et dont l’image à été utilisée pour salir, pour dénigrer une personnalité publique qu’il ne connaissait même pas, à des fins qu’il ne maîtrisait pas.
– Objet de moqueries ensuite, lorsque son prénom a été utilisé pour illustrer des photomontages au goût plus que douteux !
Ces révélations sont une nouvelle fois sordides, de nature à entacher un peu plus l’image de la ville de Saint-Étienne auprès des personnes LGBTQI+, qui sont en droit de se demander si elles sont en sécurité dans ses rues, alors que des faits d’agressions et de guet apens ont été perpétrés il y a peu. Alors qu’il est du devoir de la municipalité, d’entreprendre des politiques de lutte contre ce fléau.
Nous serons par conséquent encore plus vigilants, et nous nous réservons la possibilité de faire valoir l’accès, légitime, à nos droits à l’avenir.