Thierry Cotillard, président d’Intermarché, a racheté 194 magasins appartenant à Casino, dans le but de prendre la deuxième place du marché de la distribution alimentaire en France. Comment ce groupement d’indépendants a-t-il pu mener une telle opération ?

Alors que le PDG de Casino, Jean-Charles Naouri a été placé en garde à vue le 1er mai pour « manipulation de cours en bande organisée, corruption privée active et passive » et « délit d’initié », le dépeçage du groupe Casino confronté à des difficultés financières continue.

Casino était déjà en discussion avec le véhicule d’investissement Teract, qui comprend les enseignes Gamm Vert, Jardiland ou les Boulangeries Louis et compte des actionnaires prestigieux comme Matthieu Pigasse ou Xavier Niel. Ce groupe a d’ailleurs proposé de s’unir au milliardaire tchèque Kretinsky qui est déjà coactionnaire avec Niel de la société Le Nouveau Monde, pour trouver une solution, alors qu’ils étaient en compétition sur le dossier Casino.

Pour rappel, l e milliardaire tchèque Kretinsky a proposé d’investir 1,1 milliard d’euros pour une augmentation de capital de Casino, qui en ferait le premier actionnaire du groupe stéphanois. En plus du groupe Casino, Kretinsky lorgne également sur Atos et la société de cybersécurité Atos.

Intermarché rafle 200 magasins Casino

Depuis 4 mois, Intermarché troisième acteur de la distribution française planchait sur le rachat de 200 magasins Casino. Le 25 mai, le groupe originaire de Saint-Etienne a annoncé qu’il allait céder un certain nombre de magasins au groupement Intermarché.

Ces cessions, d’une valeur totale de 1,15 milliard d’euros de chiffre d’affaires, se feront en deux étapes. La première partie, représentant environ 600 millions d’euros de chiffre d’affaires, sera cédée d’ici la fin de l’année, tandis que la seconde partie, d’une valeur de 550 millions d’euros, sera cédée à la demande d’Intermarché dans un délai maximum de trois ans.

En rachetant près de 200 magasins, Intermarché pourrait doubler son chiffre d’affaires actuel et d’augmenter sa part de marché de 1,5 à 2 points.

Pour réaliser cette acquisition, le groupement d’indépendants composé de 3 000 propriétaires de magasins a pu compter sur le trésor de guerre constitué ces derniers mois. Contrairement à d’autres enseignes de distribution, les adhérents d’Intermarché sont reliés directement au niveau national et une partie de leurs bénéfices est reversée à la direction centrale.

De plus, la branche immobilière d’Intermarché, Immo Mousquetaires, a permis de rassembler un important capital grâce à la création de fonds immobiliers.

L’opération de rachat a également été rendue possible grâce à une alliance à l’achat conclue en 2021 entre Intermarché et Casino, qui donnait à Intermarché un « droit de regard » sur toute vente de magasins de Casino.

Enfin Intermarché avait la main chaude après avoir réalisé avec succès l’acquisition de 86 supermarchés Mestdagh en Belgique l’année dernière.

Intermarché ne compte d’ailleurs pas s’arrêter en si bon chemin et pourrait miser 100 millions d’euros dans la future augmentation de capital du groupe Casino dans laquelle Teract et Kretinsky vont investir.

Carrefour est également intéressé par des actifs de Casino, en particulier l’enseigne Monoprix, sur laquelle lorgne également le magnat des médias Křetínský.