Pierre Mazet (http://www.pierre-mazet42.com/) auteur de nombreux Polars et passionné d’Histoire nous présente des stéphanois dont parfois nous ignorons l’existence, ou pas…
Nos amis Belges ont la Flèche wallonne, le tour des Flandres. Nous, nous avons la journée Vélocio. Bien sûr, il y a peu de chance qu’on y voit briller Alejandro Valverde ou Fabian Cancellara. Cependant, le 3 juin prochain, des centaines de cyclistes vont se lancer à l’assaut du col de la République, à l’occasion de la journée Vélocio (celui qui va vite en vélo) dont ce sera la 93èmeédition.
Les concurrents s’élancent du dernier « rond-point » (rond-point Vélocio) de Saint-Étienne avant la nationale (altitude 596 mètres) et montent jusqu’à atteindre le col (altitude 1161 mètres), durant exactement 12,8 kilomètres. Le parcours présente donc un dénivelé total de 565 mètres et une pente moyenne de 4,5%.
Cette montée doit son nom à un pseudonyme ! Celui que prit Paul de Vivie, figure emblématique du cyclotourisme français, pour écrire ses articles. Il est né en 1853 à Pernes dans le Vaucluse. En 1871, à l’âge de dix-huit ans, il intègre une maison de soierie lyonnaise.
A côté de son métier, il poursuit ses études, lit beaucoup et s’essaie à la poésie. Dès 1875, ses employeurs lui confient une mission à Saint-Etienne. Il s’y installe et fonde une famille. Il commence dès 1881 à sillonner les voies carrossables de la région en bicycle et en tricycle.
Les routes du massif du Pilat, et des monts du Forez lui deviennent familières. Sur des machines lourdes et peu performantes, il parcourt de longues distances comme un aller-retour Saint Etienne Charlieu soit environ 200 km. En 1887, il fonde la revue « le cycliste forézien » qui devint plus tard « le cycliste »et fut distribué jusqu’en 1974. En 1888, Paul de Vivie, crée le néologisme » cyclotourisme « .
Dès ce moment, Vélocio s’intéresse à toutes les nouveautés du cyclisme qu’il teste et commente dans sa revue :bichaine et autres ancêtres du changement de vitesse. Précurseur tant en technique, qu’en diététique, il exhorte les industriels stéphanois à se lancer dans la fabrication des cycles.
Vélocio est également qualifié par la presse de l’époque de » père du Touring Club de France« . Il utilise son temps libre pour effectuer de très longues randonnées parcourant ainsi chaque année 20 000 kilomètres. Il démontre à cette époque que l’on peut rouler longtemps (il faisait des étapes de 40 heures), pour peu que l’on suive des règles élémentaires de pratique et d’hygiène.
En 1900, il franchit le col du St Bernard, en 1903, il fait Saint-Etienne-Menton et retour soit 950 km en quatre jours. C’est aussi grâce à Paul de Vivie qui, inlassablement, a défendu avec force et conviction la fabrication de cycles, et plus encore de pièces détachées à Saint-Etienne, que la France a pu prendre son envol. Il participa lui-même à la fondation, en 1892, de La Nouvelle Manufacture Stéphanoise (cycles et pièces détachées) qui commercialisa la marque: « La Gauloise », en s’appuyant sur des petits ateliers locaux.
Et en 1922, il est l’inspirateur de la journée Vélocio. Le 11 juin, ils sont 163 partants sur le pont du ruisseau « Le Furens ».Selon la formule, célèbre la seule chose importante est de participer : le temps et les catégories ne sont là qu’à titre indicatif. Le meilleur temps est réalisé par Guitay en 38 minutes 25. Dans la catégorie 60/70 ans c’est de Vivie lui-même qui réalise le meilleur chrono, en 58 minutes 40. Vélocio mourut renversé, devant chez lui, par un tramway, le 4 mars 1830.
Outre le rond-point, la route départementale D1082, porte son nom. Une stèle à son honneur a été érigée au sommet du col de la République. Bon courage aux participants à l’édition 2023.