Alors que la presse lyonnaise s’est fait l’écho, d’un climat tendu au sein de l’Université Catholique de Lyon (UCly) son recteur Olivier Artus assume ses politiques réformatrices et centralisatrices, qui ont tout de même permis le rétablissement financier de cette institution dont le déficit s’élevait à 3,5 millions d’euros à son arrivée en 2019. Cette remise à flot s’accompagne d’ambitieuses réformes, tant sur le plan de la Recherche que de la vie académique, avec la mise en place de deux nouvelles directions centrales dédiées au développement durable et au bien-être étudiant. Cela devrait faire le bonheur du Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (Hcéres) et de l’État, qui poussaient en ce sens.
Selon nos confrères de La Tribune de Lyon, du Progrès et de Médiacités, plusieurs personnes associées à l’Université catholique ont évoqué un climat tendu au sein de l’UCLY. Ces critiques visent particulièrement la gestion d’Olivier Artus, le qualifiant de trop autoritaire. Certains allèguent qu’il peine à déléguer, causant des tensions et un fort taux de turnover.
Arrivé à l’UCly en 2019 en provenance de l’Institut catholique de Paris, celui qui avait découvert l’UCly en tant que membre d’un comité d’évaluation n’avait pas fait l’unanimité dès le départ. Sa venue était désirée par les évêques fondateurs et les administrateurs, alors que les personnels et les enseignants étaient réticents. Son mandat va se terminer au mois de juin, mais « un certain nombre de parties prenantes » ont suggéré une prolongation de trois ans, selon M. Artus. Dans le cadre d’une prolongation, c’est toutefois le sous-groupe constitué des personnels et des enseignants, qui est décisionnaire et elle n’a pas été actée à la suite d’un vote qui s’est déroulé au printemps dernier.
Lors d’une conférence de presse qui s’est déroulée, jeudi dernier, Olivier Artus, n’a pas éludé le sujet, expliquant son revers par la politique qu’il a menée, osant même une comparaison historique entre « Jacobins et Girondins ». Pour qualifier son mandat, le recteur de l’UCly a utilisé l’adjectif « Réformateur » et selon lui, certaines personnes avaient envie de garder leurs habitudes.
Il a rappelé qu’un mois après sa nomination, le Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur lui annonçait son intention d’évaluer son établissement. Celui-ci a recommandaé selon Artus, de « centraliser, pour voir clair sur le plan d’une stratégie académique, d’une stratégie de recherche, d’une stratégie financière ». « Nous avons pris au sérieux les préconisations de la Hcéres et nous avons cherché à les mettre en œuvre sans rien faire d’extraordinaire. Il s’agissait simplement d’une mise aux normes, d’une mise à niveau et de la définition d’un projet intellectuel audible par tous à Lyon et au-delà », a déclaré le recteur de L’UCly devant les journalistes.
M. Artus a défendu sa gestion en rappelant le déficit financier de l’université à son arrivée, soit 3,5 millions d’euros. Grâce à des mesures d’économie et à une augmentation des frais de scolarité, ainsi qu’à une participation accrue des entreprises partenaires, l’UCLY a en effet stabilisé son budget à 65 millions d’euros, ce qui lui permet d’aborder la rentrée avec de grandes ambitions.
La refondation de la Recherche
Olivier Artus a rappelé qu’à son arrivée, il avait constaté un manque « d’organisation de la Recherche ». « Nous avons refondé la recherche en montant une unité de recherche en cinq mois qui a été évaluée en 2020 de manière très positive » par la Hcéres, nous a-t-il confié évoquant également la refonte de l’équipe rectorale.
Concernant l’évaluation de la Recherche, le recteur de l’université catholique a défini « des indicateurs et des procédures », dont « une évaluation triennale de la production de recherche de chaque enseignant-chercheur » qui « remplissent une cvteque », afin de mieux évaluer leur travail.
L’unité de recherche « Confluence, sciences et humanités » composée d’une dizaine de personnes a également été créée pour servir de « supports à la Recherche ». Elle a pour objectif « l’intégrité scientifique », « la science ouverte », « un plan d’égalité femme-homme » et « des formations pour les enseignants-chercheurs qui accompagnent leurs parcours », comme nous l’a expliqué sa directrice Valérie Aubourg. Celle-ci a également évoqué « un logiciel qui permet de consulter » l’ensemble des publications des chercheurs « et de mesurer dans quel type de revue les gens publient ». Mme Aubourg a également rappelé que l’UCly avait mis en place la revue scientifique « Confluence, Science et humanité », avec « évaluation en double aveugle », « comité scientifique international », « qui publie des chercheurs de hauts rangs ».
Olivier Artus a dévoilé jeudi un investissement sans précédent de 6 millions d’euros dans la Recherche, soit près de 10% du budget total de l’université.
De plus, la création d’une « maison de la Recherche et de l’entreprise » est prévue pour cette année académique. « Là aussi, l’état nous le demandait », a commenté Artus.
La création d’une Direction de la transition écologique & de la RSE
Selon M. Artus, le ministère de la Recherche et de l’Enseignement supérieur lui aurait demandé, il y a un an, ce qu’il en était de la « stratégie écologique » de l’UCly. Le recteur de l’université catholique concède que son institution ne s’était pas posée suffisamment la question, mais précise que « beaucoup d’avancées » ont été depuis été réalisées. D’abord au sein de la Communauté d’universités et établissements (ComUE) de Lyon, présidée par Franck Debouck, puisqu’en juin dernier, ses membres ont en effet signés une Charte d’engament écologique, comme la rappelé le recteur de l’UCly.
Oliver Artus a annoncé, jeudi, la création d’une Direction de la transition écologique & de la RSE, qui va par exemple étudier la question des transports des personnels et des étudiants.
Il a indiqué qu’il allait signer l’après-midi même « l’Accord de Grenoble, qui nous engage a acquérir dans les deux ans une labélisation DDRS (développement durable et responsabilité sociale)».
La création d’une Direction centrale consacrée à la vie étudiante
Se disant « sensible à une certaine sensibilité de la jeunesse après le covid », Olivier Artus a eu l’idée de créer une Direction centrale consacrée à la vie étudiante. Cela fait suite à l’un de ses voyages à l’université centrale du Québec qui a déployé le programme « mon équilibre », mais aussi à des directives de la part du ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, comme nous l’a indiqué le recteur.
L’UCly a prévu de mettre en place des ressources, un protocole contre le harcèlement et des cellules d’écoutes, avec la mise en place d’une direction qualité et une évaluation du bien être étudiant.
Marie Bui-Leturcq qui sera en charge de cette direction a souligné que l’UCly allait « repenser la vie étudiante », « avec un pole santé, pour l’accompagnement gynécologique et psychologique ». Sous l’impulsion de la Hcéres, l’UCLY va également « formaliser la présence des étudiants dans les différentes instances ».
M. Artus a affirmé que « L’état demande la mise en place d’un certain nombre d’indicateurs qualitatifs, pour que nous ayons une perception chiffrée de la manière dont les étudiants perçoivent les différents aspects de la vie étudiante », sans répondre précisément à la façon dont ses indicateurs allaient être élaborés, même s’il a évoqué la « construction d’indices qualitatifs, qui se basent sur des perceptions subjectives ». « On demande à un groupe de noter sa perception subjective d’une situation. Cela donne une note X, mais le plus important, c’est l’évolution de la note un an plus tard. »
Selon Marie-Bui Letrurcq, « Nous sommes déjà évalués par les étudiants ». « Les accréditions et les labélisations auxquelles nous sommes soumis impliquent déjà le fait d’être évalués par les étudiants, par l’intermédiaire d’enquêtes. Il y a des évaluations réalisées à chaque fin de formation, il y a également un lien constant avec les représentants des promotions qui sont rencontrés par les directeurs d’unités d’enseignement, des bilans semestriels, qui sont des rencontres par les directeurs d’unités avec les équipes pédagogiques, qui s’enquiert de la satisfaction des étudiants sur la formation, mais aussi sur l’accompagnement administratif et pédagogique. »
D’après elle, cette évaluation ne va faire que « croitre ». « On aura par l’intranet étudiant, l’intranet salarié, la capacité a communiqué en continu où nous en sommes et à recevoir les propositions des uns et des autres. »
Ainsi, le recteur de l’Université catholique va continuer ses réformes centralisatrices, répondant ainsi aux préconisations de la Hcéres et aux directives de l’État. M. Artus nous a rappelé que l’UCly avait été relabelisée en 2021, établissement d’enseignement supérieur privé d’intérêt général (EESPIG) et qu’à ce titre, elle perçoit une subvention de l’État qui correspond à 6 % de son budget. Cela lui permet également de passer des conventions pour des diplômes avec des établissements publics. Mais des négociations auraient été de nouveau ouvertes avec l’État. « Nous sommes dans une zone de labélisation qui va jusqu’en 2026 », a précisé le recteur de l’UCly.