En écho aux changements climatiques et à la nécessaire transition vers une économie bas carbone, la France comme d’autres pays envisage une renaissance minière, attisée par l’urgence de sécuriser l’approvisionnement en métaux rares tels que le lithium, le cuivre, et le nickel. En 2016, le Forum économique mondial à sorti un livre blanc intitulé Cartographie de l’exploitation minière en fonction des objectifs de développement durable : Un Atlas, en partenariat avec le Centre Columbia sur l’investissement durable, le Réseau des solutions pour le développement durable des Nations Unies et le PNUD
Essentiels à la technologie des batteries électriques, à l’électronique et aux énergies renouvelables, ces métaux jadis négligés sont désormais au cœur d’une stratégie nationale visant à réduire la dépendance aux importations, notamment de la Chine, et à fortifier l’autonomie industrielle de l’Hexagone dans un contexte de transformation énergétique globale.
Historiquement, l’industrie minière française s’est focalisée sur des ressources naturelles comme le charbon et le fer. Pourtant, avec la montée en puissance des technologies vertes et la pression croissante sur les ressources naturelles, la France souhaite changer de cap. souhaitent changer de cap. Le spectre des tensions internationales et des ruptures d’approvisionnement, exacerbé par des événements récents tels que la crise sanitaire et la guerre en Ukraine, a déclenché une prise de conscience aiguë de la vulnérabilité stratégique de la France en matière d’approvisionnement en métaux critiques.
Une ruée vers l’or noir qui concerne de nombreux pays
Thierry Breton s’est rendu au Japon lors du dernier sommet du G7 qui s’est déroulé à Hiroshima pour discuter de la coopération entre l’Union européenne et le Japon dans le domaine des puces électroniques et sécuriser la chaîne d’approvisionnement des semiconducteurs. Il avait ensuite répondu à l’invitation du fondateur du Forum économique mondial, Klaus Schwab, pour participer à un évènement organisé à Tokyo par le FEM. Dans la foulée, Pékin avait annoncé, des réstrictions sur les exportations de gallium et germanium.
Récemment, le Royaume-Uni s’est joint à la liste croissante de puissances mondiales cherchant à exploiter les ressources minérales essentielles de l’Afrique. Une étude financée par Londres et menée par le Boston Consulting Group (BCG), qui fait parti des organisations affiliées au Forum économique mondial, se concentrera sur 14 pays africains dans le but d’identifier des projets d’investissement viables dans le secteur des minéraux, selon le média marocain Le 360.
Un projet de cartographie des ressources minières françaises
Le gouvernement Français, sous l’impulsion d’Emmanuel Macron et son plan pour une « planification écologique », est également convaincu de l’importance des métaux rares. Lors de la réunion annuelle des ambassadeurs, le président de la République et contributeur de l’Agenda 2030 du Forum économique mondial, avait souligné l’importance de garder des liens avec les pays qui en disposent, mais visiblement le gouvernement souhaite davantage de souveraineté.
Un projet ambitieux de cartographie des ressources minières, dirigé par BRGM, une entreprise qui compte également des contributeurs du FEM, comme Christophe Kervevan, vise à dévoiler les richesses cachées du sous-sol français. Cette initiative, espérée depuis des décennies, se présente comme un tournant crucial pour le futur minier du pays. Pourtant, le chemin vers une industrie minière française revigorée est semé d’embûches et de défis inédits.
Les défis
Premièrement, l’aspect technologique et économique : la faisabilité de l’extraction dépend fortement de la concentration des métaux dans le sol et de la stabilité des prix sur les marchés mondiaux. L’innovation technologique doit donc se conjuguer à la viabilité commerciale pour assurer le succès de tels projets.
Deuxièmement, et peut-être le plus délicat, le défi social et environnemental. La perspective de nouvelles mines suscite autant d’espoir que d’inquiétude. D’une part, le potentiel de création d’emplois et de dynamisation économique régionale est indéniable. D’autre part, l’extraction minière est traditionnellement associée à d’importants impacts environnementaux, suscitant ainsi des préoccupations écologiques et des résistances locales.
L’exemple du projet d’extraction de lithium à Échassière mené par la société Imerys
L’annonce d’une potentielle exploitation des eaux profondes en Alsace et d’exploitation du Lithium dans la région AuRa et plus précisément dans l’Allier, illustrent la diversité et la complexité des approches envisagées.
Le petit village d’Échassières dans l’Allier est en effet au cœur d’un projet d’extraction de lithium par la société Imerys,qui pourrait faire de lui un site clé pour la production européenne de ce métal crucial pour les batteries de véhicules électriques. Le projet, prévu pour démarrer en 2028, est susceptible de fournir jusqu’à la moitié des besoins français en lithium et de créer environ 500 emplois, boostant ainsi l’économie locale. Cependant, cette initiative divise les habitants. Certains y voient une chance pour revitaliser une région affectée par le déclin industriel, tandis que d’autres, notamment les écologistes, s’inquiètent des impacts environnementaux potentiels comme la sécheresse, la contamination de l’eau, et les déséquilibres régionaux dans l’exploitation des ressources.
Imerys met en avant la nécessité du lithium pour la transition énergétique et promet une démarche transparente pour minimiser l’impact écologique. À noter que de nombreux contributeurs du Forum économique mondial travaillent, ou on travaillé, pour cette entreprise. On peut citer Patrick Kron, qui est désormais PDG du groupe Alstom, mais qui avait été élu président par intérim d’Imerys en 2019, ou encore Michael Mack.
Ces initiatives Alsaciennes et Bourbonnaises, précédant l’achèvement de l’inventaire national, pourraient cependant marquer le début d’une nouvelle ère minière en France, visant une indépendance stratégique dans un monde où les métaux rares deviennent aussi précieux que l’or noir d’autrefois.
À noter qu’au mois de juillet 2016, le Forum économique mondial à sorti un livre blanc intitulé Cartographie de l’exploitation minière en fonction des objectifs de développement durable : Un Atlas, en partenariat avec le Centre Columbia sur l’investissement durable, le Réseau des solutions pour le développement durable des Nations Unies et le PNUD (Programme des Nations unies pour le développement). « Nous nous accordons à penser que l’industrie extractive a aujourd’hui une opportunité sans précédent pour mobiliser d’importantes ressources humaines, physiques, technologiques et financières afin de faire progresser les ODD », pouvait-on lire.
Par Grégory Fiori